L’association Odissée vient de publier le rapport sur «l’état social de la France», (voir cet article de LaCroix ).
Ce rapport montre qu’il n’y a pas de véritable performance économique sans cohésion sociale.
En résumé :
– En matière de performance globale – économique et sociale-, la France ne se classe qu’au 8e rang des 27 pays européens ;
– On peut avoir un fort niveau de protection sociale et un faible niveau de lien social, ce qui est le cas de la France (ce qui ne m’étonne pas car il peut y avoir déresponsabilisation par délégation du social à l’Etat, renforçant le comportement individualiste) ; » L’État impulse tout et il y a une démission du citoyen ».
– la situation est très contrastée selon les territoires, les régions de France. Par ex l’Ile de France est au 1er rand en terme de performance et 20ème en termes de lien social. Explications intéressantes et comparaison avec les régions qui réussissent le mieux (Pays de Loire, Bretagne, Midi-Pyrénées, Alsace, Rhône-Alpes).
Enfin, cette étude est une véritable leçon de politique : alors que la droite priorise la performance économique et la gauche la solidarité, le lien social, le vivre-ensemble, selon un clivage libéralisme/socialisme, cette étude révèle que les deux sont très liés. La conscience et la responsabilité citoyenne et la valorisation de l’être et de la relation humaine, plutôt que celle de l’avoir et du paraître, sont essentielles pour arriver à des efforts communs et à un consensus priorisant l’intérêt général, redonner l’impulsion à la création, à l’inspiration, que ce soit dans le domaine de la recherche, de l’entreprise, des arts et de la culture. Pour y arriver, il faut repenser « le sens de notre société », de notre vivre-ensemble », en partant des valeurs. Le délégué général de l’association, Jean-François Chantaraud nous propose d’inventer la « sémiocratie », allant au-delà de la démocratie. « Il faut organiser une circulation et une mutualisation de l’information afin que chaque idée, chaque expérience, chaque savoir-faire et chaque énergie trouve la place qu’il mérite au profit de tous ». « Apprendre à bâtir des raisonnement collectifs dans lesquels chacun de reconnaît ».
Cette nouvelle forme de penser la société, de réfléchir ensemble pour construire un projet de société au service de l’homme, du développement humain, cela s’appelle l’humanisme. Cette troisième voie, différente du libéralisme incarné par la droite, fondé sur l’argent, le profit, et aussi différente du socialisme, incarné par la gauche, dont l’Etat a un rôle central tout en ciblant l’égalité. C’est cet humanisme qui caractérise le projet de société du centre, sortant de l’habituel clivage droite/gauche. Un centre qu’il ne faut pas voir superficiellement comme un ectoplasme volatil supplétif de la droite ou de la gauche, mais plus profondément sur les valeurs qu’il incarne et le nouveau projet qu’il propose. A condition d’être indépendant, de bien marquer sa différence et d’exprimer son projet, à condition d’être écouté plutôt que l’objet de dénigrement et de moqueries des médias, oui ce centre là peut devenir un socle offrant une alternative crédible et redonnant l’espoir.
Quelques extraits ci-dessous, repris des articles du journal LaCroix, en référence :
http://www.intelligencesociale.org/ressources/documents/20101220_LaCroix-Une.pdf
http://www.intelligencesociale.org/ressources/documents/20101220_LaCroix-Page2.pdf
http://odissee.info/ressources/documents/20101220_LaCroixpage3-1.pdf
Ce rapport montre à quel point la cohésion sociale est le meilleur instrument de la performance économique. Le savoir-faire se nourrit du savoir-être ensemble. La bonne gouvernance (c’est le mot à la mode) a besoin de confiance, de participation, de subsidiarité… Une organisation du pouvoir trop centralisée est un frein aux initiatives. La négociation est indispensable.
Dans la comparaison européenne, la France, 8e, « Une position moyenne » occupée également par le Royaume- Uni et l’Allemagne, bien derrière les pays scandinaves, a encore des progrès à faire dans beaucoup de domaines. Au 12e rang seulement pour la performance économique, elle ne brille pas non plus par ses résultats en matière de lien social puisqu’elle n’occupe que la 8e place derrière, sans surprise, les pays scandinaves mais, plus étonnant, après également le Royaume-Uni ou l’Irlande.
Le résultat est sans appel : les pays les plus performants sont aussi ceux qui ont les meilleurs résultats sur le plan de la cohésion sociale. Et de ce point de vue, ce sont les pays du nord de l’Europe (Suède, Finlande, Danemark) qui arrivent en tête du palmarès, avec les Pays-Bas et l’Autriche. Des pays qui ont pour trait commun d’avoir un système de gouvernance reposant sur une démocratie sociale et locale très développée.
Dans les pays nordiques, elle se traduit par « un contrat social fondé sur un impôt élevé et des mécanismes de redistribution sociale nombreux », et aux Pays-Bas, par une tradition « toujours actuelle de participation élevée des partenaires sociaux dans la vie économique et sociale », remarque le rapport. « Il est intéressant de noter que les cinq pays qui arrivent en tête sont aussi ceux qui arrivent en première position pour le taux d’emploi des femmes ou les dépenses d’assistance aux personnes âgées. Ce sont des démocraties où l’on parvient à construire un consensus sur des enjeux sociétaux », commente l’un des auteurs. À l’inverse, la Grèce, où le lien au collectif est très distendu, se retrouve dans le bas du classement.
Quant à la France, elle bénéficie d’amortisseurs dans les périodes de crise et rebondit moins vite ensuite sur le plan économique. Le délégué général de l’association, Jean-François Chantaraud, explique que les conditions du débat y sont insuffisamment réunies, l’État impulse tout et il y a une démission du citoyen. La preuve, nous avons fait la réforme des retraites en six mois alors qu’en Finlande, ils ont mis quinze ans pour y parvenir. »
La situation est cependant contrastée selon les territoires. Le palmarès des 22 régions françaises place en tête les Pays de la Loire, la Bretagne et Midi-Pyrénées. Avec une exception, l’Île-de-France. Au 1er rang en termes de performance, elle ne se classe qu’au 20e rang en termes de lien social, infirmant ainsi la règle qui veut que les deux aillent de pair. Une position « atypique » qui s’explique pour des raisons historiques de centralisme et de concentration de tous les pouvoirs. Super-performante, la région parisienne est aussi celle où le lien social est le plus altéré, compte tenu de l’anonymat généré par la forte concentration urbaine, des durées de transports ou de la délinquance. Si l’on exclut ce cas particulier, les régions qui réussissent le mieux sont aussi celles où l’on vit le mieux. Elles se situent sur un axe centre-ouest – avec les Pays de la Loire, la Bretagne, Midi-Pyrénées, Limousin – et à l’extrême est du pays (Alsace, Rhône-Alpes). Des territoires qui ont en commun d’entretenir une relative indépendance à l’égard du pouvoir central. La recette résiderait là encore dans le mode de gouvernance. « Ce sont ceux où l’information circule facilement, où le débat public est le plus dynamique et où chacun s’implique plus qu’ailleurs dans la construction du collectif », analyse le rapport.
À cet égard, les Pays de la Loire sont l’exemple le plus probant. Dans cette région de tradition catholique, la culture de l’entraide et de la solidarité est très forte – c’est là que sont nées les mutuelles – et le territoire s’est développé de manière équilibrée autour de pôles urbains complémentaires dont aucun ne domine l’autre. Résultat : c’est une des régions où l’on trouve le plus de bacheliers, où il y a le plus faible taux de chômage, le moins de conflits du travail et d’arrêt-maladie, et où l’on vote le plus…